mardi 27 janvier 2009

Délices épistolaires

Ecrire une lettre, prendre un stylo, s’installer, et se laisser guider… Dans une société où l’objectif semble être de gagner du temps, toujours plus de temps, où les nouvelles technologies deviennent incontournables, utiliser cet ancestral moyen de communication paraît désuet. Et pourtant…

Quel plaisir d’arrêter le temps quelques minutes, quelques heures, de se retrouver face à cette feuille blanche, de ne penser qu’à soi, ses sentiments, ses émotions. Prendre le temps de choisir chaque mot, de mûrir ses phrases, dans le calme. Entrevoir l’autre en train de lire, deviner ses réactions, ses sourires, ses pensées. Imaginer le destin de sa lettre, bout de papier conservé avec tendresse au fond d’un tiroir, pour le relire plus tard, au hasard du temps. Ou bout de papier froissé dans une poubelle, brûlé avec jubilation peut-être. Qu’importe… Continuer à écrire, se dévoiler sans retenue, sans crainte. Se contenter d’être sincère.

Décider d’entreprendre une correspondance avec un ami, avec un amant, c’est choisir de prolonger ces petits moments de plaisir, de les partager avec un autre. D’attendre avec impatience le courrier suivant, de compter les jours, de relire avec délice les lettres reçues, jusqu’à en connaître les moindres détails, les moindres hésitations, les moindres mots. C’est aussi se laisser le temps, le temps de comprendre chaque phrase, chaque expression, pour mieux y répondre.

Les lettres… Ce qui nous reste quand on se retrouve seuls. Ce qui continue à nous relier aux gens qu’on aime, à notre passé, à notre histoire. Les lettres ont ce petit quelque chose d’intemporel que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, que les technologiques modernes ne remplaceront jamais. Bien sûr, elles ont aussi leurs défauts : l’attente qui peut sembler interminable, ces courriers qui n’arriveront jamais, ce temps mis pour écrire, page après page. Mais elles conservent cette saveur particulière qui les rend uniques. Qui fait d’elles des trésors d’une valeur inestimable...


“Ecrire est toujours un art plein de rencontres. La lettre la plus simple suppose un choix entre des milliers de mots, dont la plupart sont étrangers à ce que vous voulez dire.”
Emile-Auguste Chartier, dit Alain

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